La présentation officielle du projet d’incinérateur de La Chapelle Saint Luc est venue confirmer nos inquiétudes.

Avec un coût de 75 millions, il dépasse de 25 % les premières estimations qui avaient été faites.
Avec un prix à la tonne de 108€, payé par les collectivités (soit environ 6,5 millions d’euros par an), il dépasse également la moyenne constatée pour des installations gérées en Délégation de Service Public. Et rien ne permet de garantir que ces coût seront maîtrisés dans l’avenir.

Mais surtout, cette présentation ne nous semble pas apporter de réponses concrètes et précises sur l’avenir des déchets et sur la perspective de réduction des ordures ménagères. Nous savons pourtant que cette réduction des ordures ménagères, déjà effective, demeure l’objectif affiché du SDEDA et des collectivités. Mais il existe une incompatibilité majeure entre cet incinérateur et la réduction des déchets qui, rappelons-le, est, dans la hiérarchie du traitement des déchets, la première des priorités avant toute autre forme d’élimination ou de stockage.
Si les mots ont un sens, si la hiérarchie définie par la réglementation est respectée, alors l’effort prioritaire, l’effort essentiel doit se porter sur la réduction des déchets, puis, en tout dernier lieu sur la valorisation énergétique de ce qui pourrait rester et le stockage.

Or, nous savons où peut nous amener un programme de réduction des déchets à très court terme. Nous le savons, au regard des résultats obtenus par de très nombreuses collectivités. Celles-ci sont passées en 3 ou 4 ans de 275 à environ 134kg/an/hab par la seule mise en place d’une tarification modulée selon la quantité de déchets produits. Nous savons que nous pouvons même descendre sous les 100kg/an/hab à horizon de 15 ans, à condition que la priorité soit effectivement mise sur le volet « prévention / réduction / recyclage ». Nous possédons tous les outils nécessaires et nous connaissons les bénéfices économiques et écologiques à retirer d’un tel programme.
Il nous semble, par ailleurs, parfaitement impossible de mener, de front, un programme d’incinérateur d’une telle capacité et un programme de réduction volontariste des déchets. Toutes les études menées sur le sujet (notamment par la cour des comptes) montrent que l’incinération conduit les pouvoirs publics à mettre le pied sur le frein en matière de réduction pour simplement pouvoir assurer le fonctionnement optimum de l’installation. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est quasi-certain que cet incinérateur, de part son dimensionnement retirerait aux élus et aux citoyens toute possibilité d’atteindre les chiffres qu’ont d’ors et déjà atteint près de 4 millions de Français.

Nous appelons les élus à prendre en compte ces réalités et à étudier cette option de réduction des déchets que nous leur proposons et dont la crédibilité est avérée. Nous appelons les élus à tenir compte des effets constatés de la tarification incitative et de la collecte des bio-déchets (obligatoire en 2025 et qui concerne 30 % de notre poubelle). Nous appelons les élus à ne pas se lier les pieds et les mains pour les 40 prochaines années, à ne pas faire subir pour les deux prochaines générations un choix politique si contraignant.